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Qu’est-ce qu’un trouble du comportement alimentaire ?

Il suffit de manger ? – 5 idées reçues tenaces sur les troubles du comportement alimentaire

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Les troubles du comportement alimentaire (TCA) sont encore aujourd’hui largement mal compris. Bien qu’ils soient reconnus comme des troubles psychologiques complexes par les instances médicales (dont le DSM-5-TR), ils continuent d’être entourés de mythes, de jugements et de simplifications. Ces idées reçues, bien que souvent involontaires, peuvent être très nuisibles pour les personnes concernées, qui se sentent incomprises, stigmatisées ou culpabilisées.

Chez Clinique A, nous croyons que la compréhension est un pilier fondamental du soutien. Voici cinq fausses croyances courantes que nous souhaitons déconstruire.

1. « Il suffit de manger »

C’est sans doute la phrase la plus souvent entendue… et la plus douloureuse. Dire à une personne souffrant d’anorexie, de boulimie ou d’hyperphagie qu’elle n’a qu’à “manger” revient à réduire un trouble profond à un simple choix alimentaire.
Les TCA ne sont pas des caprices ni des décisions conscientes. Ils sont souvent une tentative – inconsciente – de faire face à des émotions trop fortes, à un besoin de contrôle, à une image de soi douloureuse. Manger (ou ne pas manger) devient une manière de survivre psychologiquement. Ce n’est donc pas un problème de volonté, mais un symptôme d’un mal-être plus vaste.


2. « On voit tout de suite quand quelqu’un souffre d’un TCA »

Faux. La très grande majorité des personnes concernées ont un poids dit “normal” ou élevé. L’idée que seul un corps très maigre peut être malade empêche des milliers de personnes de demander de l’aide, parce qu’elles pensent ne pas être “assez mal” pour être prises au sérieux.
Les TCA sont des troubles invisibles, qui peuvent exister sous des formes très diverses, indépendamment du poids, de l’apparence ou de l’âge. C’est la souffrance intérieure et les comportements liés à la nourriture qui importent, pas la silhouette.


3. « C’est un problème de filles adolescentes »

Non. Bien que les adolescentes soient effectivement une population à risque, les TCA peuvent toucher :
des enfants, parfois dès l’âge de 9–10 ans,
des adultes, y compris bien au-delà de la vingtaine,
et aussi des hommes, souvent sous-diagnostiqués en raison des stéréotypes de genre.
Les troubles alimentaires ne font pas de distinction d’âge, de genre, de culture ou de corpulence. Ils sont humains, universels, et nécessitent une prise en charge tout aussi personnalisée que le vécu de la personne qui consulte.


4. « C’est juste une question de vanité ou d’esthétique »

Encore une fausse croyance. Bien que les préoccupations autour de l’apparence soient fréquentes dans les TCA, elles sont souvent la partie visible d’un iceberg. Ce qui se joue en profondeur touche souvent :

 - le besoin de contrôle,
 - le rapport à soi,
 - la gestion des émotions,
 - la quête de perfection,
 - ou encore l’envie d’être reconnu(e) ou accepté(e)

Il est donc réducteur – et injuste – de penser que les TCA sont des troubles “superficiels”. Ils traduisent un mal-être bien plus complexe que la seule question du corps.


5. « Si la personne mange de nouveau, c’est qu’elle va mieux »

Pas nécessairement. Une reprise alimentaire ou un retour à un poids dit “normal” ne signifient pas que la personne est rétablie. Dans certains cas, les pensées intrusives, les angoisses ou les comportements compensatoires persistent bien au-delà de l’amélioration physique.
Le rétablissement d’un TCA ne se mesure pas uniquement au poids, mais à la capacité de vivre sereinement avec la nourriture, avec son corps et avec soi-même. Il s’agit d’un processus global, psychologique et émotionnel, qui demande du temps, de la patience… et beaucoup de soutien.


En résumé

Derrière chaque trouble alimentaire, il y a une histoire. Une personne. Des émotions. Des mécanismes d’adaptation souvent inconscients.

Derrière chaque idée reçue, il y a un risque d’incompréhension, de honte ou de retard de prise en charge.

En tant que psychologue spécialisée dans les TCA, je vous invite à remplacer le jugement par la curiosité, et la peur par la compassion. Chaque personne en souffrance mérite d’être entendue, sans condition ni comparaison.

Vous vous reconnaissez dans certains de ces exemples ?
Vous vous inquiétez pour un proche ?