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Peut-on souffrir d’un trouble alimentaire sans en avoir “l’air” ?

Quand on pense aux troubles du comportement alimentaire (TCA), beaucoup imaginent encore un corps très maigre, des repas sautés, ou une personne qui refuse de manger. Pourtant, la grande majorité des personnes souffrant d’un TCA n’en ont pas les “signes visibles” classiques. Cela peut entretenir un profond sentiment d’incompréhension et retarder l’accès à un accompagnement.

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À la Clinique A Psychologie, nous rencontrons chaque semaine des personnes qui vivent une détresse réelle, sans que leur entourage — ou même des professionnels — ne s’en soient rendu compte. Pourquoi ? Parce que les TCA ne se résument pas à une apparence physique.

Les TCA : des troubles souvent invisibles

Contrairement à certaines idées reçues, les TCA peuvent se manifester à tous les poids, à tous les âges et chez toutes les morphologies. Une personne peut :

  • avoir un poids “normal” selon les critères médicaux,
  • manger en public et s’alimenter “correctement” en apparence,
  • faire preuve d’un grand contrôle alimentaire ou vivre des compulsions en secret,
  • être très fonctionnelle sur le plan professionnel ou social,
  • tout en étant profondément en souffrance.

Il est donc tout à fait possible — et même courant — de souffrir d’un TCA sans que cela ne se voie.

Ce qu’on ne voit pas…

Voici quelques exemples de comportements ou de pensées fréquents chez les personnes concernées, mais souvent invisibles pour l’extérieur :

  • Manger uniquement certains aliments “sûrs” (et cacher le reste)
  • Compter obsessionnellement les calories ou les pas sans en parler
  • Se peser plusieurs fois par jour
  • Vivre des crises de boulimie nocturnes ou en cachette
  • Ressentir une culpabilité immense après un repas “normal”
  • S’auto-critique constante sur son apparence
  • Penser à la nourriture une grande partie de la journée
  • Avoir une estime de soi entièrement basée sur son poids ou son contrôle

Ces symptômes sont bien réels, même s’ils ne modifient pas (ou peu) le corps. Et c’est précisément ce qui rend certains TCA plus difficiles à repérer.

Le danger des “TCA atypiques”

Dans le DSM-5, il existe une catégorie appelée troubles de l’alimentation non spécifiés (TANES ou OSFED en anglais), qui désigne des personnes présentant tous les symptômes d’un trouble alimentaire — mais sans remplir tous les critères stricts d’un diagnostic comme l’anorexie ou la boulimie.

Cela concerne de nombreuses personnes qui :

  • ont des comportements compensatoires peu fréquents,
  • sont en sous-poids “modéré” mais vivent une restriction sévère,
  • ont des crises alimentaires irrégulières mais très envahissantes,
  • ou qui souffrent de compulsions émotionnelles chroniques.

Le fait de ne pas “rentrer dans la case” d’un trouble classique ne rend pas la souffrance moins légitime.

Pourquoi c’est important d’en parler

Parce que l’invisibilité d’un trouble alimentaire peut :

  • renforcer la honte (“je ne suis pas assez malade pour qu’on m’aide”),
  • faire croire à l’entourage qu’il n’y a pas de problème,
  • retarder la demande d’aide,
  • et aggraver les symptômes.

Trop de personnes attendent d’être “vraiment en détresse” ou d’avoir perdu du poids de manière drastique pour consulter. En réalité, plus on agit tôt, plus le chemin de rétablissement est accessible.

En résumé

  • Non, il ne faut pas “avoir l’air malade” pour être entendu.
  • Non, la gravité d’un TCA ne se mesure pas à un chiffre sur la balance.
  • Oui, vous pouvez consulter simplement parce que vous souffrez.
  • Oui, il est légitime de chercher du soutien, même si “ça ne se voit pas”.

À la Clinique A Psychologie, nous accueillons toutes les formes de troubles alimentaires, visibles ou non, diagnostiqués ou non.
Parce que ce n’est pas la forme du corps qui parle, mais ce que vous vivez à l’intérieur.